8 – 22 juin 1977
Exposition réalisée par l’Université de Dortmund
L’exposition organisée par Josef-Paul Kleihues offre une perspective de l’architecture contemporaine. Les oeuvres de six architectes européens, deux américains et un japonais, se présentent chacune dans un format identique et se succèdent de façon aléatoire par ordre alphabétique. Cette recherche pour une neutralité, à la fois dans la présentation et dans la mise en rapport, constitue une technique d’exposition tout à fait concevable. Elle favorise le spectateur actif et initié et demande de sa part un engagement, un pouvoir de distinction et un haut degré d’information. Cependant, cette retenue dans la présentation ne peut cacher longtemps qu’il s’agit d’oeuvres d’envergure et d’intention différentes. Plus précisément, deux architectes se distinguent tout d’abord : Aldo van Eyck, le plus fondé sans doute, et Robert Venturi, le plus novateur. Ces deux personnalités ont grandement contribué à faire évoluer notre perception de la tâche d’architecte. Il y a également la présence imposante de James Stirling et de celle de Charles Moore et, finalement, ce projet pour le quartier d’habitation sur Roosvelt Island, à New York, de Oswald Mathias Ungers. Dans sa brève introduction, J.-P. Kleihues fait valoir qu’il s’agit là d’une collection faite autour d’un seul critère : un engagement véritable pour la cause de l’architecture. mais de l’inévitabilité d’un choix découle évidemment une sélection : une tendance se dessine. L’exposition est par exemple apte à prouver que, pour bien des architectes, l’oeuvre d’Aldo Rossi constitue actuellement une référence, un point de ralliement, voire une fascination. Mis à part des présences plus qu’évidentes, se dégagent des absences non moins significatives. L’auteur de l’exposition y présente sa propre oeuvre et celle-ci est suffisamment riche en références pour clarifier cette remarque. L’oeuvre de J.-P. Kleihues, d’une individualité non contestée, montre avant tout l’influence de Louis Kahn et des thèmes qu’il a développé à partir de 1955 : neutralité des espaces construits par rapport à leur utilisation future, addition et discontinuité dans la conception spatiale. mais sa proposition pour les deux tours Lewis Ham à Berlin est bien différente et pourrait être prise comme point de départ pour une autre sélection qui inscrirait – au travers de l’oeuvre de James Stirling dans les années 60 – des architectes tels que Piano & Rogers, Foster Ass. G. Peichl, R. Gutbrod, Hardy Holzmann et Pfeiffer, ceci sous le dénominateur commun d’une iconographie orientée davantage sur la technique de construction que vers une notion classique de la forme.
(R. Furer)