Conférence
30 avril 2014
Dans le cadre de l’exposition Animal? Patrick Berger, architecte, Paris
L’art de la construction chez les insectes sociaux
Depuis l’Antiquité, l’observation des sociétés d’insectes (fourmis, abeilles, guêpes et termites) suscite à la fois étonnement et admiration. Ces insectes sont en effet capables de construire collectivement des nids d’une très grande complexité architecturale et dont la taille peut atteindre, chez certaines espèces, plusieurs milliers de fois celles des individus. Comment des insectes au comportement rudimentaire parviennent-ils à construire de tels chefs d’œuvre ? Et à quelles lois la structure interne de ces nids obéit-elle ? Au cours des vingt dernières années, des avancées considérables ont été réalisées dans la compréhension des processus de construction chez les insectes sociaux. En combinant étroitement l’analyse expérimentale et la modélisation des comportements et des interactions entre insectes nous pouvons aujourd’hui décrypter les mécanismes qui gouvernent la construction de ces architectures et en étudier les principales propriétés. Nos recherches ont montré que la complexité des architectures réalisées par les insectes sociaux ne repose pas sur des procédures comportementales ou cognitives complexes, mais qu’elle résulte de règles de comportement assez simples et de la combinaison de quelques grandes familles de mécanismes. Parmi ceux-ci, la stigmergie et les processus d’auto-organisation permettent aux insectes de coordonner leurs actions, de réaliser des structures complexes et d’adapter la forme de ces architectures en réponse à un changement des conditions environnementales.
Guy Théraulaz
directeur de Recherches au CNRS, docteur en Neurosciences et en éthologie