Bibliothèque cantonale, Lugano, 1940
28 octobre – 11 novembre 1992
Exposition réalisée par l’Institut de Théorie et d’Architecture de l’Ecole polytechnique fédérale de Zürich
Alors qu’aujourd’hui la personnalité de l’architecte se dérobe, qu’elle se manifeste beaucoup plus dans la confrontation avec différents rôles et lieux, celle de Rino Tami correspond encore à l’image traditionnelle liée de manière indéniable à la pratique du projet en tant qu’hypothèse de travail par le processus d’exécution et l’unique terrain de dialogue : le Tessin.
Mais la dimension culturelle de son oeuvre dépasse les frontières régionales et se confronte dès le début à la scène architecturale internationale. En fait, on doit attribuer à Rino Tami ainsi qu’à d’autres collègues peu nombreux comme Alberto Camenzind, Augusto Jäggi et Bruno Brunoni, le grand mérite durant les sombres années 40, d’avoir rattaché le Tessin au “Neues Bauen” et de l’avoir ainsi soustrait à de mauvaises conditions de travail.
Les quelques années entre 1958 et 1963 pendant lesquelles Rino Tami est en charge en tant que professeur de projet d’une à l’EPFZ, formèrent une période “d’entre-deux” caractéristique. Elle constitue un art de l’exil volontaire où les engagements du maître profitent aux étudiants.
Son activité interrompue, mais pas encore terminée, embrasse un large spectre de thèmes qui aura deux pôles dominants : la Bibliothèque cantonale de Lugano terminée en 1939 et l’engagement en tant que “conseiller esthétique” pour la construction de l’autoroute tessinoise. La bibliothèque, en quelque sorte, sa première oeuvre significative témoigne d’une affirmation s’inspirant du rationalisme, est citée dans la “Storia dell’ architettura moderna” de Bruno Zevi qui range Tami parmi les soi-disant “hommes de lettres”, à côté d’autres suisses comme Hans Schmidt, Paul Artaria, Ortto R. Salvisberg, Hans Brechbuehler et Werner M. Moser.
Les relations contraignantes entre l’architecture et le site deviennent une constante prédominance reconnaissable dans toutes les oeuvres qui ont suivi : de la série des maisons unifamiliales, les projets de constructions d’habitation et administratives en milieu urbain jusqu’aux constructions industrielles. Avec la métaphore “La construction se marie avec le paysage”. Rino Tami ne pense pas exclusivement à l’accord entre les volumes et le terrain. Cette relation symbolique implique la correspondance universelle à la périphérie et à la tradition de l’habitation lorsque Tami peut en être le puissant juge et interprète. Cette tradition s’exprime dans le maniement rigoureux de la géométrie en tant qu’ordre et mesure, dans l’utilisation de matériaux exaltés par le vocabulaire et la lumière aussi bien que dans la définition compétente des détails constructifs.
La sensibilité toujours présente et la soumission au phénomène tectonique, la volonté d’interpréter une affirmation formelle font de Rino Tami le créateur des perspectives paysagères. Tandis qu’il prête aux ouvrages d’art de l’autoroute sa légitimité esthétique, il revendique pour l’architecture un rôle en liaison dans le processus de concentration entre la technique et la nature.