Bande-annonce officielle: https://youtu.be/OkrbVBUa4S0
Ayaya :
Majo no Tabitabi, promu comme l’aventure de l’automne 2020 et vu comme un renouveau pour le studio C2C, était attendu de pied ferme par une large communauté adepte des mondes fantastiques. Après quelques semaines, c’en était tout autre. L’anime divise : soit on aime, soit on n’aime pas. Je fais partie de la deuxième catégorie.
L’histoire commence par l’enfance de notre personnage principal, Elaina, qui se trouve une passion et un but dans la vie grâce à un modèle : devenir magicienne et parcourir le monde. Après quelques épisodes de mise en place, nous suivons une Elaina adulte à travers de multiples péripéties parfois drôles, parfois tragiques, souvent absurdes. La réalisation de l’anime est excellente, sûrement une des meilleures de la saison vu les paysages colorés, les musiques émouvantes et l’animation ultra-fluide. Nous récoltons en revanche un protagoniste profondément narcissique et trop sûr de lui et de ses idées, même quand elles sont juste égoïstes, cruelles et tirées par les cheveux. Chaque épisode nous présente une nouvelle histoire qui se conclut sur une morale souvent très douteuse ou trouble, ce qui, au final, ne m’a rien apporté mis à part un sentiment grandissant de déception et de manque de fond dans l’écriture. Tout le long de l’aventure, j’ai espéré voir Elaina évoluer grâce aux expériences acquises. J’espérais ne pas la voir rester cette femme sans profondeur et calculatrice qui ne se laisse porter que grâce à l’argent, la nourriture ou les compliments. Les épisodes se déroulent et notre magicienne reste fidèle à elle-même malgré quelques prises de conscience ponctuelles qu’elle admet, mais met de côté aussi vite que possible, laissant son personnage plat et sans impact sur ses futurs actes. Et que dire du deutéragoniste, Saya, qui n’est retenue que pour son amour absolument malsain et idiot envers “l’héroïne” alors que c’est un des seuls déclencheurs de gentillesse et d’empathie d’Elaina. L’auteur du light novel original avait pourtant exigé qu’il n’y ait aucun fanservice.
Cela reflète bien à mon sens le problème de cet anime qui n’a non seulement pas su mettre en valeur la qualité de ses outils – que ce soit des personnages ou ses idées véhiculées (l’épisode 9 par exemple expliquait maladroitement l’influence des facteurs sociaux sur la santé mentale) ou même l’univers que parcourt Elaina – mais qui en plus de ça les tourne en ridicule.
Cette production est du gâchis pour moi. Il avait un véritable potentiel mais le comportement des personnages et l’univers trop absurde pour les réflexions qu’il veut provoquer l’ont détourné du public “mature” qui était celui visé à la base pour l’adresser à une audience bien plus jeune. Si vous êtes amateurs des anime d’aventure, de questionnement et de contemplation via une héroïne ou un héros qui voyage, je vous conseille de regarder Kino no Tabi (la version originale de 2003 plutôt que le remake de 2017 si vous avez le choix) qui a un univers peut-être bien plus difficile à comprendre, mais qui a le mérite de construire des problématiques concrètes avec un personnage solitaire attachant malgré ses valeurs parfois égoïstes.
Baptiste :
Alors Wandering Witch : The Journey of Elaina, c’est plein d’idées, mais avec une mauvaise exécution.
Allons-y par étapes.
D’abord, Elaina, un personnage que j’ai véritablement apprécié, car pour une fois c’est une protagoniste qui sait ce qu’elle vaut, et on ne se fout pas (toujours) de sa tronche en lui demandant tout et n’importe quoi. Elle s’aime un peu trop et l’étale mais ça change du stéréotype de personnage de jeux vidéo qui veut rendre tout le monde heureux.
Saya, l’autre personnage, je crois qu’on appelle ça du yuri bait ? C’est cringe. Et le reste bon, c’est quoi leur nom, déjà ?
Maintenant le scénario. C’est 12 petites histoires, très inégales, parfois assez cools, parfois claquées au sol. Très étrange. Quand on sait que c’est une adaptation de light novel, c’est pas si étonnant, ça vole pas plus haut que les millions d’isekai, mais ça le cache avec un poil plus d’originalité. Exemple : parfois il manque des conséquences, des chutes à certaines histoires, c’est très bizarre, parfois on s’attend a un truc de ouf, mais le plot twist est cliché. Bon, au moins Elaina reste souvent en observation et ne résout pas tout tout d’un coup de baguette magique, ça aurait pu donc être bien pire.
Par contre, l’animation est magnifique, les personnages sont mignons, les effets sont très chouettes, mais ça ne fait pas tout malheureusement.
Majo no Tabitabi c’est très mi-figue, mi-raisin, du bien, du mauvais, correct au final mais passable, voire oubliable.
Brice :
Majo no Tabitabi raconte l’histoire d’une jeune sorcière, parcourant le monde sur son balai et découvrant sans cesse de nouveaux pays et leur culture. Certains auront peut-être fait le lien avec un autre anime, Kino no Tabi, qui raconte l’histoire d’un personnage androgyne, parcourant le monde sur sa moto et découvrant sans cesse de nouveaux pays et leur culture. Ce type de récit d’aventures n’est pas nouveau, et il convient donc de s’intéresser à ce que cet anime fait de différent et ce qu’il fait de bien, mais aussi – malheureusement – où il se plante.
L’histoire suit Elaina, une petite fille très précoce, qui devient sorcière à seulement 14 ans dans le but de voyager à travers le monde comme Niké, l’héroïne de son roman favori. Elaina est douée, intelligente, et elle le sait ! Elle n’hésite en tout cas pas à le rappeler sans cesse au spectateur, au cas où il l’aurait oublié. Pourtant, ce trait de caractère joue rarement un rôle important dans l’histoire en dehors du premier épisode. En réalité, Elaina n’a pas une personnalité très développée : elle sert avant tout à mettre en scène différentes histoires et à servir d’observatrice. En effet, chaque épisode introduit une nouvelle intrigue et de nouveaux personnages, mais dans la moitié d’entre eux, la présence d’Elaina est accessoire : si elle n’avait pas été là, l’histoire se serait tout de même passée, mais personne n’aurait été présent pour la rapporter. Elle joue bien un rôle dans d’autres épisodes, mais sert souvent à faire avancer le scénario, alors que les autres individus sont les véritables protagonistes. Mettre le personnage principal de côté est une façon de faire assez particulière, mais qui peut fonctionner. Malheureusement, on peine à s’attacher aux personnages non récurrents en si peu de temps. Ce n’est pourtant pas impossible à faire : Violet Evergarden a deux magnifiques épisodes centrés sur le même schéma épisodique, prêts à vous faire pleurer pour des jeunes filles rencontrées à peine vingt minutes plus tôt. Mais ici, les sentiments sont rarement au rendez-vous. C’est dommage, car beaucoup de thématiques différentes sont abordées et l’on passe de la tragédie amoureuse, au drame familial, avec un détour par un peu de comédie et un mystère à résoudre. Chaque pays visité par Elaina est une trame blanche qui permet d’écrire une nouvelle aventure indépendante des autres, et certaines sont bien réussies et font réfléchir ! Au contraire, d’autres se terminent et sont oubliées aussitôt le prochain épisode commencé. Dans l’ensemble, j’ai tout de même été un peu déçu.
Parmi les autres personnages récurrents, on retrouve tout d’abord Saya, une jeune sorcière tombée sous le charme d’Elaina, plutôt mignonne, mais parfois énervante et très cliché. En revanche, les sorcières mentors d’Elaina et Saya sont de bons personnages. On sent qu’elles ont une vraie expérience de la vie à travers leur caractère moins unidimensionnel et on se plaît à les revoir plusieurs fois dans la série. Par contre, toutes les sorcières semblent absolument obnubilées par l’argent, sachez-le si vous en croisez une un jour !
Sur le plan technique, on est sur du classique de l’époque. L’art est joli, mais ne se démarque pas particulièrement de ce qui se fait actuellement. On a en revanche un beau travail au niveau des arrières-plans, chaque pays se distinguant bien des autres, principalement par son architecture. L’animation est fort bien travaillée, surtout lors de combats magiques ou lors de balades aériennes à dos de balai. Niveau sonore, on a opté pour une musique assez calme et un peu émouvante, mais qui ne m’a pas spécialement marqué.
Que l’on apprécie le personnage principal ou pas, il faudra toutefois faire un effort pour passer à travers des épisodes assez inégaux, se terminant malgré tout sur un final satisfaisant, bien que sans surprise.
En conclusion, c’est un anime un peu décevant, qui semblait avoir les ingrédients nécessaires pour réussir, mais qui a de la peine à parvenir à les combiner correctement.