Laé’ :
Ce manga a pour thème l’asexualité et les asexuel.le.s, aussi appelé “aces”, comme sa couverture l’indique, et l’aborde sous beaucoup d’aspects : les définitions et le choix du label, bien sûr, mais aussi les violences sexistes et sexuelles que les aces subissent (de façon non-graphique) et les attentes liées au genre (pour celleux qui connaissent la problématique des “herbivores” au Japon, même si ce mot n’est jamais prononcé – sans doute parce qu’il est très insultant pour les hommes de la communauté ace), ou encore certains côtés toxiques de la communauté. Avant de lire les notes de l’auteurice, je me demandais s’iel avait passé le temps de préparation de ce manga sur les reddit aces. Ce qui fait aussi plaisir à voir, c’est qu’iel a choisi de faire de son personnage principal quelqu’un de très émotif.ve, au contraire du cliché de l’ace détaché.e du monde des mortels.
Pour ce qui est de l’aromantisme (car oui, Chika est aro-ace), j’avais peur de le voir au début au risque qu’il y ait confusion, mais il parvient bien à trouver sa place tout en ayant de nombreux passages soulignant la différence entre les deux. J’ai appris au passage qu’au Japon une personne était qualifiée d’asexuelle s’iel est aro-ace, et que la langue japonaise a un autre terme pour les personnes purement ace qui se rapproche plus de “non-sexuel” (et les deux sont plutôt du japanglais). Le mot n’est donc pas vraiment prononcé avant les notes de fin sur le personnage.
Chika, le personnage principal, aborde les deux sujets de manière un peu “scolaire” (digne d’une personne arrivant tout juste à l’université) mais avec beaucoup de bonne volonté, de façon assez réaliste par rapport à comment une personne queer peut se renseigner sur un label méconnu et expérimenter avec des réalités différentes de la sienne qui composent pourtant un socle commun pour une majorité de la société. Enfin, est-il vraiment si commun que cela ?
Chaque personnage a son petit arc qui lui permet de développer son rapport aux autres et aux relations intimes, ce qui est un peu un tour de force dans un one-shot pas particulièrement épais. Une fille en particulier m’a beaucoup plu et au milieu de l’arc la concernant j’avais le cœur qui palpitait d’excitation : si je n’avais pas des amis comme ça j’en voudrais pour sûr !
Une chose que j’ai trouvée dommage était qu’un autre personnage utilise des labels très similaires, ce qui fait que l’on manque une occasion d’avoir plus de diversité dans le manga. Cependant, c’est aussi une personne qui a un rôle par rapport à Chika qui justifie cela et lui permet notamment de se poser des questions sur son propre avenir.
Le passage qui fait le plus peur est tout à la fin, dans un strip additionnel que l’auteurice a fait pour expliquer les aspects problématiques de la relation du début du manga : n’étaient-ils donc pas évidents ?
Dommage aussi qu’il n’y ait pas de suite pour parler de son voyage dans l’univers des genres non-binaires, qui n’est qu’à peine effleuré ici ! L’auteurice a fait savoir que son propre genre était une question nébuleuse pour l’instant. Pouvons-nous donc espérer que sa recherche personnelle motive la création d’une suite ?
Gregory :
Asexuel.
Si vous avez l’habitude d’entendre ce mot, alors ce manga est fait pour vous. Si vous découvrez ce mot pour la première fois, alors vous devez absolument lire ce manga !
Chika est une jeune fille ordinaire, enfin, elle aimerait l’être, mais, alors que tout son entourage parle de relation amoureuse, elle se sent incapable de comprendre le sujet. Pire, ses tentatives de relations sont un désastre, peu importe le partenaire.
C’est en intégrant l’université que les choses vont commencer à s’éclaircir pour elle. Asexuel, aro-ace, et bien d’autres concepts vont rejoindre son vocabulaire, alors qu’elle s’entoure en même temps de personnes bienveillantes et capable de la comprendre, ou au moins, de faire les efforts pour.
Un manga parfait pour découvrir les thématiques en rapport à l’asexualité avec des personnages attachants. Peut-être un peu court pour une personne connaissant déjà la thématique, mais toujours empli de bienveillance.