La présente charte s’adresse à toute personne de l’EPFL qui diffuse des informations sur nos recherches à l’intention du grand public. Cette charte a été développée par le service Communication de l’EPFL (Mediacom) et l’unité Open Science (VPA-OS), avec le soutien de la direction de l’EPFL. Elles visent à informer l’ensemble des membres de l’organisation des valeurs qui sont à la base de notre politique en matière de communications.
De plus, cette charte s’inscrit dans la stratégie de science ouverte de l’EPFL et s’aligne sur notre objectif de «dialogue ouvert avec la société».
Convictions de l’EPFL
- Il est important pour le grand public d’avoir accès à des informations scientifiques objectives;
- Il est important pour la communauté scientifique de maintenir un dialogue permanent avec le grand public;
- Les méthodes qu’utilise la communauté scientifique – telles que l’évaluation par les pairs, les plateformes de science ouverte et les échantillons représentatifs – jouent un rôle crucial dans la communication scientifique;
- La charte contribue à réduire le fossé entre la communauté scientifique et le grand public quant à la façon de traiter les questions clés. Ce fossé – qui résulte du fait que chaque institut de recherche possède sa propre culture, son propre vocabulaire, ses propres règles, indicateurs de performance et ainsi de suite – tend à éroder la confiance du grand public dans la science. La présente charte vise donc à trouver un terrain d’entente entre les deux groupes et à instaurer la confiance.
Quatre principes directeurs
Transparence | Fair Disclosure | Accès ouvert | Dialogue avec le public
Transparence
Recommendations générales
La communauté de l’EPFL tout comme le grand public méritent des informations honnêtes et transparentes sur les réalisations de l’EPFL, telles que les percées scientifiques, les startups, les avantages pour la société et plus encore. À cet effet, nous vous recommandons:
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d’éviter les termes tels que «révolutionnaire» et «disruptif», surtout quand une telle révolution ou disruption ne se manifesterait que dans un avenir lointain;
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d’éviter de susciter des craintes et des espoirs exagérés;
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d’indiquer clairement tout financement reçu relativement à un projet de recherche ou tout intérêt pour les parties intéressées;
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d’indiquer clairement les contenus visant à promouvoir les produits ou les services d’entreprises qui entretiennent des relations avec l’EPFL, plutôt que les contenus traitant des résultats des travaux de recherche menés par l’EPFL (exemple d’initiative à but lucratif: un incubateur à start-up). Par exemple, vous pourriez insérer l’avertissement suivant:
«Le présent contenu est publié dans le cadre d’une initiative à but lucratif. Il n’est pas conforme aux directives de communication ouverte de l’EPFL.»
suivi du lien vers le document en question.
Divulgation des corrections et des modifications
Indiquez clairement les corrections ou les modifications apportées au contenu après sa publication, surtout si vous ajoutez une précision ou corrigez un nombre. Voici un exemple de déclaration que vous pourriez ajouter à la fin de votre article:
Modifié le 13 décembre 2022: ajout d’une citation du Prof. XXX sur la cryptographie quantique au premier paragraphe et correction de la puissance de traitement de l’ordinateur (4999 téraflops au lieu de 499 téraflops).
Exposition des différents points de vue
Les chercheuses et chercheurs de l’EPFL font partie d’une communauté œuvrant pour une cause commune. À ce titre, les débats, tout comme les controverses, peuvent constituer une partie importante du processus de recherche. Tout contenu décrivant les conclusions de travaux de recherche devrait faire part des points de vue des autres spécialistes scientifiques, ainsi que des limites de la méthode de recherche adoptée. Cette transparence permettra au lectorat de mieux comprendre le processus de recherche et renforcera la perception de l’EPFL comme source d’informations fiables.
Témoignages des membres de l’équipe de recherche
Nos chercheuses et chercheurs sont des êtres humains, pas des robots. Tous ont une histoire personnelle à raconter. L’inclusion d’informations propres à ces personnes dans votre contenu permet d’établir un lien plus étroit avec le lectorat, ainsi qu’un climat de confiance. Il peut s’agir de défis personnels qu’un membre de l’équipe de recherche a dû surmonter, par exemple, les obstacles rencontrés en cours de route, les moments où l’envie d’abandonner s’est fait ressentir, ou encore quelque chose de plus fondamental, comme l’incertitude quant à la bonne approche à adopter. Plus votre contenu relate des histoires individuelles, plus vous avez de chances d’instaurer la confiance.
Ceci étant dit, comme la recherche est un processus collaboratif, en plus de souligner les réalisations de chaque membre de l’équipe, il convient également de saluer la contribution de toutes les personnes impliquées, y compris les études menées en amont par d’autres groupes de recherche, qui auraient pu servir de point de départ. En général, toute une équipe estudiantine également composée de jeunes diplômés et de spécialistes techniques contribue à une découverte en œuvrant en coulisse. Il est important que le lectorat le sache.
📰 Lectures complémentaires
(13 octobre 2022) Les pratiques journalistiques en matière d’objectivité font l’objet d’une remise en question généralisée. Normalement formés à l’objectivité, les journalistes sont censés faire preuve de neutralité en mettant leurs opinions personnelles de côté lorsqu’ils rédigent leurs articles. Toutefois, une nouvelle tendance se dessine selon laquelle les journalistes révèlent leur propre perspective (c.-à-d. leur expérience et leur affiliation). Le monde scientifique s’engagera-t-il dans la même voie?
(16 mai 2023) L’étude montre comment les universitaires interprètent les critères d’impact et comment ces critères influencent leurs propres articles narratifs. Les résultats mettent en évidence de sérieux problèmes quant à l’utilisation d’études de cas individuelles fondées sur des données probantes comme méthode d’évaluation de l’impact de la recherche. En effet, cette pratique favorise non seulement la sélection d’exemples particulièrement notables, mais elle encourage également leur hyper médiatisation.
Universiteit Leiden – Leiden University professor removed for extremely unacceptable behaviour
(18 octobre 2022) La transparence de la communication peut s’inscrire dans la politique générale d’une université, notamment dans le domaine de l’éthique. Par exemple, l’Université de Leyde aux Pays-Bas a publié sur sa page d’accueil un article d’actualité sur le renvoi d’un professeur «pour un comportement extrêmement inacceptable».
Fair disclosure
Le lectorat doit pouvoir accéder facilement à toutes les références mentionnées dans un article, même si elles proviennent de sources externes à l’EPFL. Les références s’entendent ici au sens le plus large, et comprennent également les données. Il est recommandé de fournir des liens vers toutes les sources extérieures pertinentes (p. ex. mémoires de recherche, données et logiciels) et de mentionner toute étude ou autre information pouvant faciliter la compréhension générale du lectorat. Ces indications apportent une valeur ajoutée et renforcent la confiance.
En ce qui concerne les limites des recherches menées dans notre école, il convient de faire preuve de transparence et de divulguer en amont les éléments suivants:
- les conclusions n’ayant pas fait l’objet d’une évaluation par des pairs;
- les échantillons n’étant pas totalement représentatifs;
- les risques inhérents à une étude donnée;
- les éventuelles incompréhensions pouvant survenir;
- les résultats ne pouvant pas se généraliser à l’être humain.
Lorsque vous insérez des liens dans vos articles, privilégiez autant que possible les publications scientifiques en accès ouvert. Si l’un de vos liens renvoie vers un contenu payant, précisez-le dans un avertissement comme suit:
Bien que nous nous efforcions de promouvoir autant que possible la science ouverte, cette étude n’est accessible que sur un site à accès payant.
Par ailleurs, si la publication est libre d’accès, vous pouvez le souligner de la manière suivante:
Cette étude a été rendue accessible gratuitement conformément à notre politique de science ouverte.
Accès ouvert
Tout un chacun doit pouvoir accéder à notre site web et autres plateformes en ligne. Notre site est conçu en application des dernières Règles pour l’accessibilité des contenus web, et nous utilisons des plateformes d’accès ouvert largement connues.
De notre point de vue, promouvoir l’accès ouvert, c’est adopter une démarche volontariste en recherchant les plateformes libres et en évitant les canaux (sites web, applications, médias, et autres) que seules les équipes de recherche utilisent, car ils empêchent le rayonnement de nos activités au-delà de la communauté scientifique. Vous devez privilégier les plateformes en accès ouvert à condition qu’elles n’altèrent pas les messages de l’EPFL et qu’elles permettent d’atteindre le public visé.
En effet, une approche trop conservatrice aurait pour effet de garder nos publications loin des yeux du grand public et précisément de celles et ceux à qui vous souhaitez démontrer l’importance de la science.
Publiés sous une licence CC BY SA 4.0 les contenus de l’EPFL ne sont pas bloqués par un accès payant ou une obligation d’abonnement. Lorsque vous soumettez un article d’opinion, des interviews et d’autres types de contenu aux bureaux de presse, vous devez vous assurer que votre contenu sera libre d’accès.
En outre, vous devriez viser à publier du contenu sur des sites web et d’autres plateformes qui partagent les mêmes valeurs de communication que nous via des licences Creative Commons (telles que Wikipédia). Il importe également de promouvoir activement la réutilisation des contenus.
Rendre la science accessible, c’est aussi expliquer les concepts d’une manière facilement compréhensible par le grand public. Des études récentes ont montré qu’en général, les gens accordent peu de confiance aux contenus qu’ils ne comprennent pas (article en anglais). Vous devez donc vous efforcer de privilégier les termes simples autant que possible, tout en prenant soin de respecter le sens scientifique initial. Cela vaut notamment pour les titres, les sous-titres et les paragraphes d’introduction.
Il est recommandé de communiquer des détails de manière graduelle au fur et à mesure que l’on progresse dans la lecture de votre article. Évitez de donner des informations sur l’EPFL dès le début, concentrez-vous plutôt sur le message que vous souhaitez transmettre et ce qui en est à l’origine. Ne vous attendez pas à ce que les gens comprennent la complexité du fonctionnement interne de l’EPFL. En effet, les personnes qui s’intéressent à de telles informations liront l’article jusqu’à la fin.
Dialogue avec le public
Concevez votre contenu de manière à répondre aux questions que le grand public peut se poser sur un sujet donné. Ce principe s’applique également aux manifestations publiques et à tout autre type de communication.
Prêtez attention au timing de votre contenu. Pour le public visé, il peut s’avérer inopportun de faire coïncider la diffusion d’un article dans la presse avec la publication du mémoire de recherche. Par exemple, il est préférable de publier un article scientifique sur la neige en hiver, même si le mémoire de recherche associé est publié dans la revue Nature du mois d’août.
Si vous estimez qu’un article est susceptible de déclencher une certaine réaction au sein de votre lectorat, traitez la question de manière préventive dans votre article. Par exemple, si vous décrivez une percée dans la recherche sur le cancer susceptible de susciter des attentes ambitieuses, faites en sorte de mitiger ces attentes. Gardez à l’esprit que notre but n’est pas d’éviter le débat, mais plutôt de jeter les bases d’une discussion fondée sur la science avec le public.
Veillez à ce que les personnes appropriées de l’EPFL, que ce soit dans notre service de communication ou au sein de nos équipes de recherche, répondent aux commentaires et questions qui nous sont adressés sur les réseaux sociaux ou par e-mail.
Efforcez-vous de répondre directement aux questions en tenant compte autant que possible des commentaires.
Si une personne signale une erreur dans votre article ou conteste la façon dont vous avez traité un sujet (p. ex. des déclarations vagues ou des conclusions exagérées), apportez les modifications nécessaires et faites savoir à cette personne que ses observations ont été prises en compte.
Par ailleurs, si vous mettez fin à une discussion sur les médias sociaux, expliquez-en les raisons. Par exemple: «Nous avons décidé de mettre fin à cette discussion, car nous avons le sentiment qu’elle est inondée par les trolls.»
📰 Lectures complémentaires
Johns Hopkins University – Vaxchat
L’introduction d’un chatbot par l’Université Johns Hopkins pendant la pandémie de COVID-19 illustre jusqu’où peut aller la notion de «conversation» avec le public.
RTS Découverte – questions-réponses
En Suisse, RTS, la société nationale de radiodiffusion, a publié une page Questions-Réponses sur son site, où des experts – dont des professeures et professeurs de l’Université de Genève, de l’Université de Neuchâtel et de l’Institut suisse de bioinformatique – répondent aux questions d’un jeune public. Cependant, ce site utilise un filtre (les discussions sont modérées par une tierce partie: RTS) et vise un public restreint. Par conséquent, le rayonnement auprès du grand public demeure limité.
Références
v. 1.0, Jan 2024 – Licence CC-BY 4.0