L'essentiel en bref
▪️ L’EPFL envisage la revalorisation des bâtiments de Bassenges, dans le respect de leur valeur patrimoniale.
▪️ Les terres agricoles du campus ne changeront pas d’affectation et continueront à promouvoir la biodiversité.
▪️ Le projet de centre Bernoulli à Bassenges n’implique ni bétonnage de surfaces, ni construction de nouveaux bâtiments.
▪️ Le modèle d’exploitation actuel, assorti d’un bail à CHF 1.-, devra être revu.
▪️ La Direction de l’EPFL et le Collectif Cambium se rencontrent à intervalle régulier. Cette démarche permet à l’EPFL d’apporter au Collectif des informations transparentes sur les évolutions du projet et d’entendre les positions du Collectif.
Procès-verbal de la rencontre du 20 juin 2024.
Procès-verbal de la rencontre du 22 août 2024.
▪️ L’EPFL a pris connaissance de la pétition ayant circulé au printemps 2024. Elle y répond au moyen de cette lettre, qui précise ses intentions et sa prise de position.
L’enseignement, la recherche et le transfert de technologie sont les missions de l’EPFL, telles que définies par la Loi sur les écoles polytechniques fédérales. Celle-ci demande aussi aux EPF d’assurer un engagement fort envers le grand public.
L’EPFL se réjouit du succès considérable qu’elle affiche depuis de nombreuses années. Celui-ci se traduit toutefois par un constat sans appel: les espaces de l’École sont saturés et l’institution manque de place pour l’enseignement et la recherche, pour organiser des séminaires, des ateliers scientifiques, des conférences publiques, etc. Pour la première fois de son histoire, elle a dû mettre en consultation une forme de «numérus clausus» afin de contenir la croissance du nombre d’étudiantes et d’étudiants.
L’EPFL a donc besoin de créer de nouveaux lieux dédiés à ses tâches principales. Or les bâtiments du site de Bassenges, propriétés de la Confédération pour l’usage de l’EPFL et rattachés au campus principal de Lausanne, sont aujourd’hui dévolus à un usage qui n’est pas en lien avec les missions de l’École: ils sont en effet mis à la disposition, pour un franc symbolique, du collectif qui exploite les 7,3 hectares de terres agricoles appartenant à l’EPFL et à l’Université de Lausanne (voir ci-dessous).
Ces bâtiments, inscrits au patrimoine comme objets d’intérêt régional, ont en outre besoin de rénovations en profondeur. L’EPFL souhaite ainsi saisir l’opportunité de les valoriser et de transformer ce site privilégié en un centre de recherche en sciences fondamentales de portée mondiale, le Centre Bernoulli.
Le Centre Bernoulli
Ce centre a pour vocation d’être un lieu d’échange et de rencontre pour des scientifiques de haut vol, mais aussi de programmes avancés pour les étudiant·e·s et futur·e·s étudiant·e·s. Le Centre contribue ainsi au développement et à la dissémination des sciences fondamentales tant au niveau suisse que mondial. Il s’appuie entre autres sur la réputation des professeurs Maryna Viazovska et Martin Hairer, titulaires de la Médaille Fields, l’équivalent du Prix Nobel pour les mathématiques.
Par le passé, ce type de centre a permis d’incuber un grand nombre des accomplissements intellectuels des 20e et 21e siècles. Citons par exemple le développement de la théorie de la relativité générale par Einstein au sein de l’Institute for Advanced Study de Princeton (Etats-Unis), sans laquelle nos GPS ne pourraient pas exister, ou le développement des fondements de la cryptographie par Shannon à Bell Labs, sans quoi nous ne pourrions pas communiquer de manière sûre avec notre banque par internet.
Un nouvel espace adapté aux besoins
Aujourd’hui installé dans des bureaux provisoires, le Centre Bernoulli ne dispose pas d’un lieu d’où il pourrait déployer toutes ses ambitions. Il souhaite par exemple étendre et multiplier les activités dédiées à la jeunesse, mais doit actuellement y renoncer faute de place pour les accueillir.
C’est la raison pour laquelle l’EPFL s’est lancée depuis 3 ans dans l’étude de différentes options visant à lui conférer des espaces adaptés à ses besoins.
Parmi plusieurs propositions, le complexe de Bassenges s’est imposé comme étant le plus approprié. Il se compose de plusieurs bâtiments:
- une ancienne maison de maître (Château de Bassenges) comprenant env. 530 m2 de surface nette
- une «maison vigneronne» (env. 330 m2)
- une «maison carrée» (env. 515 m2 avec ses annexes)
- un important rural qui pourrait recevoir jusqu’à env. 630 m2 de surface nette.
Ces bâtiments, comme le terrain sur lequel ils sont construits, appartiennent à la Confédération. Ils sont tous très proches les uns des autres et sont inscrits au patrimoine (note 2). Ils présentent un important besoin de rénovation. Au vu de leur caractère historique, l’objectif est de les valoriser par des transformations intérieures, sans modifier en profondeur leur aspect extérieur. La revalorisation du site et les rénovations prévues font l’objet de travaux concertés avec les services compétentes du Canton et de la Commune.
Les travaux permettront la réalisation d’un centre de formation, de réunions et de recherche de classe mondiale, la mise à disposition d’espaces de travail pour des scientifiques en résidence, l’organisation de séminaires et d’ateliers de recherche, l’organisation d’activités pour les étudiantes et étudiants de l’EPFL. Il pourra aussi accueillir les jeunes élèves du Cours Euler et du Cours Turing et héberger diverses manifestations destinées à la diffusion de la science auprès du grand public.
Avenir des terres agricoles
Pour se concrétiser, ce projet implique toutefois le déménagement du Centre de l’Énergie de l’EPFL, qui est actuellement installé au Château de Bassenges, ainsi que la non-reconduction du bail actuellement en vigueur (jusqu’au 31 janvier 2026) au bénéfice d’un collectif de jeunes agricultrices et agriculteurs. Celui-ci a obtenu en 2019 l’adjudication de l’appel d’offres lancé conjointement par l’UNIL et l’EPFL pour l’exploitation des 7,3 hectares de terres agricoles répartis sur plusieurs secteurs du campus conjoint.
Ce «collectif Cambium» a développé un concept de «micro-ferme agroforestière de polyculture-élevage», qu’il a commencé à mettre en place dès le début de 2020. Il produit aujourd’hui des légumes, des céréales et du fromage qu’il valorise au moyen de paniers, d’un marché à la ferme et de distribution sur des circuits courts. Il bénéficie de l’usage des champs ainsi que des bâtiments pour un loyer symbolique de CHF 1 par année. Les membres du collectif ont été informés en juillet 2023 des intentions de l’EPFL quant à ces bâtiments. Le contrat en cours avec le collectif prévoyait dès sa signature la possibilité que l’EPFL récupère l’usage des bâtiments pour ses besoins, moyennant une information préliminaire de 2 ans. Face aux besoins qu’elle rencontre, l’EPFL a communiqué cette intention aux membres du collectif en juillet 2023, soit 2 ans et demi avant le terme du contrat.
Ceci ne signifie toutefois pas l’abandon ou un bétonnage des terres agricoles du site de Bassenges. Les terres agricoles de l’Unil et de l’EPFL continueront quoi qu’il en soit à être exploitées selon un cahier des charges qui sera redéfini le cas échéant. De même, les plantations réalisées par le collectif, parfois dans une démarche collaborative avec la population, ne seront pas détruites mais intégrées dans la suite du projet.
Les prochaines étapes du projet comportent des discussions avec les autorités communales et cantonales, diverses études et procédures administratives, ainsi que le développement d’un projet architectural. Le calendrier de la décision finale est conditionné au délai de résiliation du bail à ferme, au 31 janvier 2025 au plus tard.