ARCHIVES DE L’IMAGINAIRE

André Malraux chez lui, Le musée imaginaire, Maurice Jarnoux, 1953

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L’architecte se nourrit d’imagination, c’est le moment du rĂȘve et de la vision d’un monde au-delĂ  des limites du nĂ©cessaire. La capacitĂ© d’imagination est la composante plus intime et inscrutable de chaque architecte, la plus problĂ©matique et dĂ©licate Ă  enseigner, mais aussi celle qui caractĂ©rise le plus les talents individuels. Il est important de pouvoir l’encourager et de transmettre les rĂȘves et les visions du rĂ©pertoire de l’architecture.

L’imagination est une forme de pensĂ©e rebelle, qui ne suit ni rĂšgles fixes ni liens logiques, qui est possĂ©dĂ©e par la capacitĂ© intuitive et qui semble donc comme peu propice Ă  ĂȘtre confinĂ©e dans une archive. Toutefois la facultĂ© de former les images, de les Ă©laborer, de les dĂ©velopper et de les dĂ©former, est un processus prĂ©cieux pour la connaissance. ReprĂ©senter un objet imaginĂ© est un acte fondamental du projet d’architecture.La reprĂ©sentation d’une idĂ©e d’architecture, en plus de dĂ©finir l’image sensible d’un objet rĂ©el Ă  travers sa figuration, est aussi en mesure de reproduire consciemment des situations irrĂ©elles ou Ă  la limite de la pure fantaisie, enrichissant ainsi le projet d’une charge visionnaire et idĂ©ale qui le pousse Ă  progresser et Ă  se surpasser. L’architecte qui sait imaginer, sait « voir avec les yeux de l’esprit ». Il se rend capable de figurer des espaces et des objets qui expriment et transmettent d’autres significations que les simple donnĂ©es fonctionnelles et matĂ©rielles. L’architecture imaginĂ©e est rendue rĂ©elle par l’intermĂ©diaire de sa reprĂ©sentation figurĂ©e ; le moment auquel l’idĂ©e de construction prend forme, commence son parcours pour devenir architecture. Les capacitĂ©s crĂ©atives de l’esprit humain peuvent aussi formuler, en effet, une idĂ©e d’architecture en absence de tout objet de rĂ©fĂ©rence concret ou de son image tangible. Mais quand le produit de l’imagination, mĂȘme si allĂ©gorique ou symbolique, et mĂȘme s’il fait allusion Ă  une rĂ©alitĂ© diffĂ©rente, prend l’aspect d’une figure architectonique, il rend possible sa conservation par l’intermĂ©diaire d’une image reproductible et transmissible. C’est le pouvoir de l’imagination de l’architecte et le rĂ©pertoire de l’imaginaire peut ĂȘtre le lieu rĂ©el oĂč s’exprime cette culture architecturale.