À la quête du sens perdu

Étude sur le discours autour de l’architecture vernaculaire à l’ère de l’éveil environnemental, 1939-1972

Researce Doctorale – Vasileios Chanis

EPFLglobaLeaders (European Union’s Horizon 2020 research and innovation programme under the Marie Skłodowska-Curie grant agreement No 945363)

UNIL-Fondation Sophie Afenduli

La thèse examine un sujet central de la théorie architecturale : l’évolution de la relation entre l’architecture « contemporaine » et l’architecture « traditionnelle » au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Alors que la période de l’immédiat après-guerre a été dominée par le style international en tant que paradigme architectural dominant, elle a également été témoin d’un regain d’intérêt des chercheurs pour les bâtiments et les établissements traditionnels. Cette évolution intellectuelle a conduit à l’émergence d’un corpus important de littérature architecturale qui a placé l’architecture vernaculaire au premier plan du discours professionnel et académique. Bien que les influences vernaculaires aient existé dans l’architecture d’avant-guerre, elles étaient souvent encadrées par un mythe abstrait des origines. En revanche, les interprétations d’après-guerre de l’architecture vernaculaire ont été étroitement liées à la notion émergente d’« environnement », bien avant ses associations actuelles avec la durabilité. Ce discours, qui fait partie de ce que l’on peut appeler le « réveil environnemental », cherchait à répondre aux préoccupations croissantes concernant la pollution, le développement urbain rapide, la disparition des villes historiques et l’étalement urbain incontrôlé.

L’étude examine cette transformation critique à travers une analyse des livres d’architecture publiés entre 1939 et le début des années 1970. En revisitant le discours architectural plus large de cette période, la recherche définit ce que l’on appelle le « discours sur l’architecture vernaculaire ». La méthode consiste à examiner la représentation de l’architecture vernaculaire dans les livres d’interprétation, en se concentrant non seulement sur l’analyse textuelle, mais aussi sur les dessins et les photographies. Ces livres sont étudiés à la fois en tant que porteurs de connaissances architecturales et en tant qu’objets conçus qui influencent le discours. La recherche s’appuie sur plus de 100 titres extraits d’archives, tous en anglais, compte tenu de l’influence dominante de la sphère culturelle anglo-saxonne dans la pensée architecturale occidentale durant cette période.

Enfin, cette recherche a deux objectifs principaux. Premièrement, elle cherche à reconstruire de manière critique le discours architectural de l’époque en incorporant des perspectives scientifiques contemporaines. Cet objectif est atteint grâce à une méthodologie interdisciplinaire qui intègre l’histoire de l’architecture, les humanités numériques, la philosophie phénoménologique et l’analyse architecturale d’études de cas spécifiques de projets réalisés par des architectes activement engagés dans ce discours. Deuxièmement, l’étude vise à produire une annexe opérationnelle à usage scientifique, résumant les résultats des archives, retraçant l’évolution des publications architecturales et cartographiant les interprétations changeantes du vernaculaire.