ENSEIGNEMENT
L’objectif principal des cours du laboratoire LAPIS est de donner aux étudiants des outils qui leur permettent de définir et transmettre une idée d’architecture dans son expression concrète. L’enseignement transmet les fondements théoriques et introduit les techniques opératoires. Ce résultat peut être obtenu par une connaissance scientifique de l’histoire de l’art et, de manière parallèle et indissociable, par une pratique continue des outils de la figuration expressive et l’investigation des moyens de représentation numériques, analogiques et manuels.
SEMAINE ENAC
Habitat humain : étude sur le territoire alpin
RELEVÉ
Figuration et représentation de l’architecture
ARKÉ
Introduction à l’archéologie de la construction
La Gestaltung est l’une des bases fondamentales de l’enseignement de l’architecture. C’est une discipline qui étudie l’expression de la « forme », la mise en scène d’une idée ou d’un concept. Selon le principe de la Gestaltung, le tout est autre chose que la somme des parties ; un ensemble de formes n’est pas l’addition des formes qui le composent, mais une autre forme à part entière. Cet axiome, qui exprime un concept anti-mathématique, définit une dimension à la limite des champs scientifique et objectif où l’objet réel, l’entité physique, perd de son importance au profit de l’idée générale de sa perception. C’est la dimension émotionnelle et culturelle qui imprègne la matière physique d’une œuvre architecturale. Dans le domaine de la représentation, cette dimension se manifeste par la capacité d’expression au travers de l’art de la figuration. Un art qui permet de transférer donc un nombre d’informations qui dépasse la simple observation d’un objet ainsi que sa dimension fonctionnelle et matérielle.
De manière plus générale, la Gestaltung s’occupe des aspects liés à la perception, au raisonnement et donc aux bases du comportement, comme les théories de la connaissance, la mémoire et la pensée. Elle étudie le passage et les relations entre Forme>Schéma>Représentation. Elle s’applique à définir les règles principales qui permettent d’organiser les données de la perception.
Une partie de l’enseignement de la figuration architecturale s’intéresse aux techniques des beaux-arts manuels et numériques. Cet enseignement est des plus difficiles puisque la technique de l’artiste a beaucoup de secrets cachés dans la profondeur de l’âme. Le style imprimé aux dessins et à l’écriture surgit des idées et des passions, il se précise avec l’expérience, se sédimente collectivement et – en particulier pour l’architecture – devient une tradition commune et partagée pour la communication des idées. Cette dernière est l’un des objectifs élémentaires pour chaque architecte qui veut exprimer efficacement et de manière cohérente son travail. C’est pourquoi la capacité à établir une forte cohérence entre l’idée et son expression matérielle, entre la figure et son image, est une qualité et un motif de satisfaction pour l’architecte. En observant la manière dont les autres ont su transmettre leurs idées, on apprend à transmettre les nôtres et à construire un propre langage d’expression.
L’objectif plus élémentaire de l’enseignement est d’apprendre à lire les représentations architecturales ; de la simple illustration aux modèles plus complexes, de textes écrits ou de photographies. Il s’agit de comprendre la manière dont les architectes ont essayé de transmettre leurs idées d’architecture. L’observation des images de projets permettra de chercher le génie créateur de l’auteur, l’esprit de l’époque, le démon protecteur de l’œuvre. On cherchera le lien entre ces différentes entités et on apprendra ainsi beaucoup d’histoires et beaucoup de secrets qui se cachent dans les images et derrière les architectures construites. Nous ne serons donc pas seul sur le parcours qui conduit à la construction d’un propre langage d’expression afin d’écrire et décrire sa propre idée d’architecture, mais nous serons accompagnés par beaucoup de maîtres et de fantômes.
Cependant l’objectif principal de l’enseignement de la communication de l’architecture n’est pas de tracer une histoire de l’image architecturale. L’objectif ne fait qu’un avec la méthode d’enseignement : partager un grand patrimoine iconographique et jeter les bases afin que celui-ci puisse être utile à chacun pour la construction d’un répertoire personnel. Seul la connaissance d’un riche patrimoine iconographique peut permettre la construction d’une propre expression individuelle, indépendante et autonome.
Représenter de manière cohérente les idées et communiquer de manière efficace le projet sont des activités fondamentales pour chaque architecte. Le dessin, la peinture, la photographie, la modélisation, l’art graphique, sont des modalités opérationnelles du projet d’architecture et deviennent des instruments didactiques pour le développement des talents individuels. La personnalité d’un architecte se forme de manière dialectique au travers de l’expérimentation collective des techniques artistiques pour interpréter la réalité et pour transmettre les idées.
L’interaction avec la recherche et la didactique des autres disciplines doit se baser sur les potentialités méthodologiques de la représentation à l’intérieur du processus général du projet d’architecture.
Il ne faut pas considérer le dessin, la peinture, la photographie, la modélisation et l’art graphique, comme des disciplines accessoires à la « présentation » du projet d’architecture, mais plutôt comme des instruments et des modalités de la « représentation » de l’idée d’architecture. De cette manière les disciplines artistiques assument le rôle de processus et méthode de composition du projet et participent pleinement à la formation de la personnalité complète de l’architecte.
La représentation est un processus complexe qui commence avec la conception d’une idée, traverse le stade de la production matérielle, définit sa forme concrète et lui donne une signification symbolique. La signification symbolique est liée au fait que la représentation est une allégorie de l’idée, elle communique une signification qui va au-delà de la simple image reproduite sur un support. La représentation d’un objet ou d’un concept induit à la réflexion sur la nature des choses et oblige la mise à l’épreuve de l’efficacité des idées, elle remplit l’espace entre le monde des idées et le monde de la matière corporelle. L’état actuel des technologies virtuelles et la révision radicale des techniques d’expression dans l’art contemporain rendent impossible toute division traditionnelle des arts expressifs selon des disciplines distinctes et induisent donc une reconsidération de leurs rôles à l’intérieur du projet d’architecture.
La formation d’un processus créatif personnel n’est pas conduite vers la stimulation de gestes instinctifs, mais plutôt vers la définition d’une méthode de représentation transmissible. L’utilisation des différentes disciplines et techniques doit s’accomplir spontanément et indistinctement, leur interaction doit pouvoir favoriser la prédominance de la capacité d’expression générale plutôt que l’habileté technique particulière. L’objectif consiste à conduire vers la formation d’une technique expressive personnelle qui soit cohérente à la fois avec l’objet spécifique de la représentation et avec la propre vision générale. L’enseignement se propose de guider à l’acquisition de connaissances de base tout en laissant libre cours à la formation « autodidacte » et, donc, de soulager le parcours formateur de notions induites pour favoriser l’expérimentation de techniques d’expression individuelles. L’objectif de l’enseignement est aussi d’introduire l’utilisation de conventions afin qu’une idée d’architecture puisse être transmise et partagée. Il s’agit de transmettre les outils nécessaires afin de maîtriser et de manipuler les logiques et les conventions graphiques d’usage courant. L’architecte a l’opportunité de transmettre les idées de son univers personnel sans perdre de vue la cohérence avec le projet, mais il se doit aussi de transmettre des informations objectives afin qu’il puisse être compris. Le rôle pour l’enseignement de la représentation de l’architecture est à la fois de plier les techniques aux processus d’expression et de faire évoluer ces derniers à l’aide des mêmes techniques.
La représentation de l’architecture veut concrétiser la pensée, les rêves et les visions imaginaires. Elle traduit le premier passage du monde des idées, qui du point de vue technique sont des entités irréelles, au monde des objets, qui sont des entités directement vérifiables. Le champ d’action de la représentation de l’architecture demeure à mi-chemin entre réel et imaginaire, dans le domaine du « vraisemblable ». L’enseignement de la représentation de l’architecture veut donc stimuler l’utilisation d’outils manuels et numériques au travers des limites extrêmes du jeu entre réalité et fiction. Un jeu qui inverse les proportions entre réalité et fiction et donc plus le sujet de la représentation est « absurde », plus les modalités de la figuration doivent s’efforcer de rendre les objets réels. Ce travail sur le paradoxe met en relief le pouvoir dialectique et rhétorique de l’architecture. Le dessin pourra ainsi « raconter » non seulement le projet spécifique, mais surtout l’atmosphère du milieu, du rêve et de la mémoire.