Colloque : #SATURATIONS

Programme

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Appel à communications

Appropriation inventive et critique 2.

#SATURATIONS

Éloge des rythmes, de la vacance et des interstices

Lausanne, EPFL (Suisse), les 14 et 15 juin 2018

Inconstance. Saturation chronique d’une aventure affective

Ambrose Bierce

Une des conclusions et ouvertures du premier rendez-vous « Appropriation inventive et critique » des 20, 21 et 22 octobre 2016 à Paris[1] a porté sur la fin des lacunes, des terrains vagues et des temps morts dans un système à rotation rapide. Dans le cadre d’une approche transdisciplinaire, nous nous sommes notamment interrogés sur la transformation de la ville en un « spectacle total » multisensoriel, multiscalaire et permanent. Nous avons repéré les risques de trop plein, de saturation, d’hyper-usage liés à la disparition des friches, des temps d’arrêt et des lacunes et à l’émergence d’un continuum spatio-temporel.

Dérives ?

Pour notre second rendez-vous les 14 et 15 juin 2018 à l’Ecole Polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse), nous aborderons la question des appropriations à travers le prisme de la ville et de la société, au risque des saturations. Nous poserons la question du rôle des lacunes, des friches, de la vacance, des vides, des temps d’arrêt (nuit, dimanche, sieste, vacance…), des « sombrières » (Serres, 1993) et des silences (Corbin, 2016) dans une société du 24/7 (Crary, 2007 ; Gwiazdzinski 2003), de l’accélération (Rosa, 2010) et de la transparence (Han, 2014). Nous nous interrogerons sur les dynamiques à l’œuvre dans ce remplissage.

Quel est le rôle de la « ville événementielle » (Gravari Barbas, 2009), du « marketing territorial » (Bauer et al., 2013), des technologies de l’information et de la communication ou du « capitalisme artiste » (Lipovetsky, Serroy, 2013) ? Quelle place pour le vide, le lâcher prise, l’obscurité ou la déconnection (Jaureguiberry, 2014) dans les figures triomphantes de la « cité par projets » (Boltanski, Thévenot, 1999) ou de la Smart City où toute activité doit être garantie (Breviglieri, 2013) ?Quelle place dans nos sociétés et nos villes en continu pour les temps d’arrêt, les espaces en friche, l’ombre et le silence ? Qu’en est-il de la vacance et de l’ennui ? Du mystère (Morin, 2017) et des opacités ?Comment improviser (Soubeyran, 2015) ?Quelle place pour le temps de l’imagination et pour les imaginaires (Wunenburger, 2006) dans une société du « juste à temps » qui s’agite et s’occupe en continu ? Quelles formes de citadinité (Agier, 1999) se construisent et se recomposent dans ce jeu de saturation ? Quelles formes d’altérité et d’allochronie (Fabian, 2006) sont encore possibles pour quelles « mises en commun » (Thévenot, 2014) ?

Risques et impacts

Quels sont les risques de cette saturation des temps, des espaces et des parts de cerveau disponibles ? Quel impact sur la santé, les organisations, les territoires et la démocratie ? Comment concilier la forte demande de bien-être et cette saturation ? Tout le monde est-il concerné au même degré ? Quelle place pour les invisibles et les territoires périphériques ? Comment vivent celles et ceux qui échappent encore au phénomène ?

Résistances ?

Quelles formes d’adaptations et de résistances sont-elles à l’œuvre ? Comment habiter (De Biase et al., 2008) ces saturations ? Comment lutter contre les entreprises qui se déploient dans le secteur de « l’écologie de l’attention » (Citton, 2014) visant à occuper les « parts de nos cerveaux disponibles » ? Quelles sont les limites de « l’urbanisme temporaire », « tactique » (Lydon, Garcia, 2015) ou « transitoire » qui envahit les espaces publics et les friches ? (Pattaroni, Piraud, 2016). Jusqu’où doit-on remplir et densifier ? Quelles résistances et stratégies émergent à l’échelle des individus, des communautés, des organisations et des territoires ? Qui se déconnecte et ferme la lumière ? Qui sont les « creuseurs de trous » dans ces permanences et continuités ? Qui sont les utopistes et les ouvreurs de brèches ? Où sont les fêlés et les fêlures qui laissent passer un peu de lumière ?

Futuribles ?

Face aux exigences exponentielles de réduction des risques et de mise en garantie des qualités urbaines, est-il essentiel de penser à nouveau frais les marges de manœuvre et d’appropriation de la ville ? Quelle place laisser à la création, au lâcher prise, à la rencontre, à la non organisation et aux joyeux « désordres » ? Comment éviter la manipulation dans ce spectacle et cet emballement permanent ? Quelle place pour d’autres temps et temporalités ? Enfin, comment imaginer une « rythmanalyse » (Bachelard, 1950 ; Lefebvre, 1992), un « urbanisme des temps », un « design des politiques publiques », une « écologie existentielle » (Paquot, 2007) qui prennent en compte ces questions pour aboutir à un bon et juste tempo. Comment imaginer d’autres modes de gouvernance ? Peut-on simplement penser politique et espace public sans écart ? Ce sont là quelques questions qui seront mises en débat dans le cadre interdisciplinaire et international du rendez-vous. Appropriation inventive et critique 2. #SATURATIONS. Prenons le temps d’en parler ensemble.

Bibliographie :

  • Agier M., 1999, L´invention de la ville. Banlieues, townshisp, invasions et favelas, Paris, Editions des Archives Contemporaines.
  • Antonioli M., 2009, « Gilles Deleuze et Félix Guattari : pour une géophilosophie », » in Thierry Paquot et Chris Younès, Les Territoires des Philosophes, Paris, La Découverte, p. 117-138.
  • Bachelard, G., 1950, La dialectique de la durée, Paris, PUF.
  • Baur R., Sébastien Thiéry S., Don’t brand my public space, Zürich, Lars Muller Püblishers.
  • Boltanski L., Chiapello E., 1999, Le nouvel esprit du capitalisme, Paris, Gallimard.
  • Breviglieri M, 2013, «Une brèche critique dans la “ville garantie“? Espaces intercalaires et architectures d’usage », in Elena Cogato-Lanza, Luca Pattaroni, Mischa Piraud et Barbara Tirone, De la différence urbaine. Le quartier des Grottes / Genève, Métis Press, Genève.
  • Citton Y., 2014, Pour une écologie de l’attention, Paris, le Seuil.
  • Corbin A., 2016, Histoire du silence. De la Renaissance à nos jours, Paris, Albin Michel.
  • Crary J., 2007. 24/7. Late Capitalism and the Ends of Sleep, London, New-York,Verso.
  • De Biase A., Berque A., Bonnin P. (dir.), 2008, L’habiter dans sa poétique première, Actes du colloque de Cerisy la Salle, Paris, Donner lieu.
  • Drevon G. et al., 2017, Chronotopies, Grenoble, Elya.
  • Fabian J., 2006, Le temps et les autres, Toulouse, Anacharsis.
  • Gravari-Barbas M., 2009, La « ville festive » ou construire la ville contemporaine par l’événement, Bulletin de l’Association de géographes français, Année 2009, Volume 86.
  • Gwiazdzinski L., 2007, « Redistribution des cartes dans la ville malléable », Revue Espace, Population, Sociétés n°2007-3.
  • Gwiazdzinski L. 2003, La ville 24h/24, La Tour d’Aigues, L’Aube (ré-éd. Rhuthmos, 2016).
  • Han B.C., 2014, La société de la transparence, Paris, PUF.
  • Lageira, J., 2010, De la déréalisation du monde : réalité et fiction en conflit, J. Chambon.
  • Lydon M., Garcia A., 2015, Tactical Urbanism, Saint-Louis, Island Press.
  • Jaureguiberry F., 2014, « La déconnexion aux technologies de communication », réseaux 186 (4), pp.15-49.
  • Lamarche-Vadel, G. (2015). Politiques de l’appropriation, Paris, L’Harmattan.
  • Lefebvre, H., 1992, Eléments de rythmanalyse, Paris, Syllepse.
  • Lipovetsky G., Serroy J., 2013, L’esthétisation du monde, Paris, Gallimard.
  • Mallet S., 2011, « Que deviennent les politiques temporelles ? », in Urbanisme no 376, janvier-février 2011, p. 86- 89.
  • Morin E., 2017, Connaissance, ignorance, mystère, Fayard, Paris.
  • Paquot T., 2007, Petit manifeste pour une écologie existentielle, Paris, Bourin.
  • Pattaroni L., Piraud M., 2016, « Entre contraintes normatives et capitalisme, quelle politique de l’art dans la ville contemporaine ? », in Newsletter CCC, 14. n° 3, pp. 279-290.
  • Pradel B., 2007, “Mettre en scène et mettre en intrigue : un urbanisme festif des espaces
  • publics”, Géocarrefour, Vol. 82/3, p. 123-130.
  • Rosa H., 2010, Accélération. Une critique sociale du temps, Paris, La Découverte.
  • Serres M., 1993, La légende des anges, Paris, Flammarion.
  • Soubeyran O., 2015, Pensée aménagiste et improvisation, Paris, EAC.
  • Thévenot L. (2014), « Voicing concern and difference: from public spaces to common-places», European Journal of Cultural and Political Sociology, vol. 1, n° 1, pp. 7-34.
  • Wunenberger J.-J., 2006, L’Imaginaire, Paris, PUF.

[1] Alessia de Biase, Manola Antonioli, Luc Gwiazdzinski, Jacinto Lageira, Françoise Parfait et Gaëtane Lamarche-Vadel, École nationale supérieure d’architecture Paris la Villette et La Colonie (Paris), Institut ACTE, UMR 8218 CNRS, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne École nationale supérieure d’architecture de Paris La Villette LAVUE ; Laboratoire Pacte – UMR 5194 CNRS, Université Joseph Fourier de Grenoble, IGA ; Ministère de la Culture (BRAUP), http://www.laa.archi.fr/L-APPROPRIATION-INVENTIVE-ET-CRITIQUE

consignes-aux-auteurs

Contributions demandées :

Les propositions de communication ne devront pas excéder 5000 signes (espaces et bibliographies compris), police Times New Roman 12 (interligne 1.5) avec trois lignes de biographie et bibliographie de l’auteur ou des auteurs indiquant les institutions de rattachement et les domaines de recherche. Les propositions sont à envoyer au plus tard le 31 mars 2018 aux adresses suivantes :

Les auteurs seront informés des résultats de la sélection le 15 avril 2018. Le programme définitif sera mis en ligne le 2 mai 2018. Une valorisation est prévue dans une revue scientifique. Le texte complet des communications (20 000 signes espace compris) est attendu pour le 1er septembre 2018.

comite-scientifique

  • Manola Antonioli (philosophe) 
  • Alessia de Biase (anthropologue)
  • Guillaume Drevon (géographe)
  • Federica Gatta (architecte-urbaniste)
  • Luc Gwiazdzinski (géographe)
  • Vincent Kaufmann (sociologue)
  • Jacinto Lageira (philosophe et critique d’art)
  • Gaëtanne Lamarche Vadel (philosophe)
  • Luca Pattaroni (sociologue)
  • Yves Pedrazzini (sociologue).