Au rythme auquel le monde continue d'émettre du CO2 et d'autres gaz à effet de serre dans l'atmosphère, leur concentration sera bientôt si importante qu'il s'en suivra un réchauffement qui dépassera largement les 2° reconnus comme un maximum tolérable dans l'Accord de Paris. Il faudra alors retirer des gaz à effet de serre de l'atmosphère à une échelle inconnue à ce jour.
Pour comprendre ce que cela signifie, il peut être utile de se représenter un lac suisse tel le lac de Sempach. Ce petit lac de 14,5 km2 entouré de champs et de quelques villages a longtemps souffert de l'infiltration d'engrais agricoles et du déversement d'eaux usées. Ils ont fait proliférer des algues et diminuer drastiquement la concentration d'oxygène. Après l'hécatombe de poissons de 1984, des mesures ont été prises pour oxygéner le lac et réduire les apports de nutriments. La concentration de phosphates a sensiblement baissé mais reste trop élevée. Les pompes continuent de souffler de l'air dans le fonds du lac.
Ce que l'humanité prévoit plus ou moins consciemment de faire, c'est répéter l'expérience du lac de Sempach, mais cette fois avec l'atmosphère planétaire. Elle espère probablement qu'en réduisant un jour les apports de gaz à effet de serre et en mettant en œuvre des mesures de géoingénierie, elle pourra faire baisser la concentration de ces gaz à un niveau compatible avec un réchauffement modéré. Il ne suffira pas de réduire les nouvelles émissions proches de zéro et de planter des arbres à tout va, il faudra massivement retirer du CO2 de l'atmosphère. C'est comme s'il fallait extraire le phosphate du lac de Sempach, une mesure qu'on n'a même pas tentée à l'échelle de ce petit lac.