La conception du CDH quant à l’encouragement et au développement de l’éducation, de la recherche et de l’engagement public se base sur le concept de POLY-perspective, qui reflète la nécessité pour les futurs ingénieurs et scientifiques d’adopter une perspective pluraliste face aux enjeux auxquels ils sont confrontés. Quatre axes interdépendants constituent la POLY-perspective du CDH : l’interdisciplinarité, la conscience globale, la citoyenneté et la créativité. Chacune des activités du CDH – qu’il s’agisse d’enseignement, de recherche ou d’engagement public – s’inscrit dans au moins deux de ces axes.
Les disciplines s’enrichissent les unes les autres par la collaboration entre chercheurs et la convergence de différents points de vue sur les mêmes problématiques. La créativité et l’invention de solutions inopinées sont renforcées par l’étude parallèle de plusieurs champs scientifiques et la confrontation à d’autres approches. Le CDH encourage donc l’apprentissage de connaissances transdisciplinaires et l’intégration de l’interdisciplinarité dans la pratique des futurs ingénieurs.
Si les aspects techniques sont évidemment centraux dans toute formation à l’EPFL, les composants sociaux et humains sont également considérés comme essentiels. Du point du vue du CDH, une large gamme d’éléments doit pouvoir être prise en compte durant les études et dans la pratique professionnelle des ingénieurs et scientifiques, y compris les aspects sociaux, politiques, légaux, économiques, historiques et éthiques.
En intégrant une perspective interdisciplinaire dans l’enseignement qu’il dispense aux étudiants de l’EPFL et dans les projets de recherche qu’il mène, le CDH contribue au débat international qui perdure quant à la compréhension de l’interdisciplinarité et à la façon dont elle pourrait se développer à l’avenir.
Les ingénieurs et scientifiques ne peuvent se contenter de répondre aux enjeux actuels, ils doivent également adopter une perspective globale. Le CDH œuvre à développer la sensibilité des étudiants aux aspects historiques et culturels, dans l’idée que la compréhension de l’origine des technologies et des sociétés mène à l’invention de résultats adaptés ainsi qu’à des usages non seulement appropriés mais aussi durables des technologies existantes et futures.
Le CDH englobe une vaste perspective temporelle, et si de nombreux enseignements se penchent sur la compréhension de situations actuelles, ils tiennent également compte tant du passé que du futur. Ainsi, les considérations historiques constituent un axe fort de l’enseignement au CDH. La conscience de l’histoire des technologies, des sociétés et des connaissances apporte aux étudiants de l’EPFL une solide base pour leurs études, leur recherche et leur future activité professionnelle.
De plus, les ingénieurs et scientifiques doivent être sensibilisés à d’autres approches culturelles et, de manière générale, à une certaine alterité. Ils développent ainsi leur capacité à prendre en compte des perspectives non-occidentales et à penser au-delà de leur propre contexte culturel. En effet, les composantes culturelles de la technologie et de ses usages constituent un enjeu fondamental pour les ingénieurs et scientifiques d’aujourd’hui et de demain. Le CDH considère que la compréhension de ces éléments est essentielle étant donné l’importance de plus en plus grande que prend le contexte global en ce qui concerne le développement et le transfert de technologies. L’appréhension de ce contexte, que ce soit au niveau légal, artistique, social, économique ou géopolitique, constitue un prérequis à la pratique de l’ingénierie aujourd’hui.
Les bouleversements technologiques actuels renforcent l’importance des questions éthiques dans des domaines aussi variés que l’intelligence artificielle, les big data ou les sciences de la vie. Des standards éthiques élevés sont imposés aux ingénieurs et scientifiques, qui doivent aussi s’opposer aux comportements non éthiques. De plus, les étudiants de l’EPFL ne sont pas que de futurs ingénieurs, ce sont aussi des citoyens. De ce point de vue, il est essentiel qu’ils acquièrent non seulement une solide conscience des dimensions sociales et éthiques liées à leur travail mais aussi une grande capacité à s’engager publiquement.
Le CDH vise à développer la capacité d’introspection et l’esprit critique permettant aux étudiants de prendre conscience de leur rôle et de leur responsabilité en tant que citoyens au sein d’une société donnée et, plus largement, dans le monde. Les étudiants sont également encouragés par le CDH à s’engager dans le débat public en créant des liens entre leur formation et leur recherche, d’une part, et le publics local et global ainsi que divers types d’intervenants d’autre part.
La créativité scientifique est généralement perçue comme une façon de penser novatrice permettant de redéfinir les problèmes, de produire et d’analyser des idées, et de développer de nouvelles idées et de nouveaux produits. La créativité est également la capacité à inventer de nouvelles formules, de nouveaux modèles, de nouveaux concepts et de nouvelles solutions aux problèmes actuels. Plus fondamentalement, la force créative permet d’adopter de nouvelles perspectives sur les enjeux auxquels le monde est aujourd’hui confronté.
L’étude des différents contextes sociaux et culturels et des perspectives historiques peut aussi jouer un rôle dans l’émergence d’une conscience quant au fait que les choses ne doivent pas nécessairement être telles qu’elles le sont. De la même manière, un engagement au travers de l’art et de la production artistique peut amener à une meilleure compréhension des processus créatifs. La créativité constitue dès lors l’un des piliers fondamentaux des activités d’enseignement et de recherche du CDH.